D’acier

D'acier, Silvia Avallone (Liana Levi, 2011)

D’Acier est le premier roman de Silvia Avallone. Paru en 2010 en Italie et édité en 2011 par Liana Levi, l’ouvrage raconte le quotidien de Francesca et Anna, entre enfance et adolescence, à Piombino dans le quartier de Stradivaio. Une véritable claque. Une prouesse pour un premier roman. 

Eté 2001. Nous découvrons deux amies, Anna et Francesca. Le père de l’une a quitté l’aciérie, son frère y travaille encore. Le père de l’autre y travaille aussi. Elles ont quatorze ans. On pourrait croire qu’elles sont encore des enfants. Pourtant les corps se transforment. Et on devine déjà les femmes qu’elles vont devenir. Superbes. Des femmes à faire tourner les têtes. 

Que faire de ces corps ? Que faire de leur amitié quand les garçons viennent s’immiscer entre elles ? Que faire du désir naissant ? 

Elle marchait maintenant d’un pas vif vers le bar d’Aldo, sur ses talons hauts qui lui faisaient mal aux pieds. C’était une de ces journées où l’Elbe se détache, découpée sur la ligne entre les deux bleus. Tu peux distinguer les villages dans les criques, les falaises en surplomb et les taches vert d’ombre de la végétation. Intacte, en cette saison, l’île appartient aux animaux, aux anciens, aux racines, et aux graines. Francesca ne regardait pas de ce côté-là.

Il y a l’Elbe, si loin, si proche. Sa silhouette qu’on devine toujours en arrière-plan. Une sorte de paradis rêvé, avec ses places de sable fin, ses touristes fortunés. Et puis il y a l’usine, à la fois belle et menaçante. Omniprésente. Il y a la chaleur écrasante, les corps moites et exténués par le travail.

Il y a les pères, violents. Ou absents. 

Il y a les mères, soumises. Même quand elles ont une conscience politique.

Il y a l’argent qui manque. Pour tout. Tout le temps. L’argent qu’on se tue à gagner à l’usine. L’argent qui semble pourtant si facile à obtenir quand on tombe dans les combines. L’argent pour s’offrir de la drogue et des femmes. Pour oublier son quotidien pourri.

D’Acier est un roman social. Un roman sur la façon implacable dont l’usine broie les gens, les jeunes, les vieux, et même ceux qui n’y travaillent pas. C’est le roman de la violence et de la fatalité.

Un texte qui parle vrai. 

D’acier, de Silvia Avallone est disponible aux édition Liana Levi (2011, 400 pages). Traduction : Françoise Brun

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