
Quel plaisir de plonger dans l’univers de Zoyâ Pirzâd ! L’autrice iranienne s’intéresse à la place des femmes dans la société, elle nous raconte l’Iran contemporain et cette tension, toujours palpable, entre tradition et modernité, soumission et liberté.
Arezou est divorcée, elle s’occupe à la fois de sa fille égoïste et de sa mère tyrannique, entretient deux maisons et dirige l’agence immobilière qu’elle a héritée de son père. Arezou est une femme active et indépendante, une femme qui a su quitter le mari qu’elle avait d’abord suivi en France, une femme qui a tout de même du mal à s’émanciper du carcan social et familial, et de l’avis de sa mère en particulier.
Arezou n’a pas d’homme dans sa vie. Elle n’en a pas envie, n’en voit pas l’intérêt. Pourtant son amie Shirine, avec qui elle travaille, ne cesse de la tanner sur le sujet. Elle la pousse d’ailleurs à rencontrer Zardjou, un client de l’agence à qui Arezou va vendre une maison.
Tu as besoin de quelqu’un qui t’apaise avec des attentions, des « je t’aime », des fleurs, des petits mensonges, des gâteries… C’est tout. Et mon petit doigt me dit que ce monsieur est une aspirine exceptionnelle. »
Sauf que, en Zardjou, Arezou ne va pas seulement trouver « une aspirine », elle va trouver un homme qui la soutient et la respecte. Un homme bien, en somme. Un homme avec qui elle peut se projeter. L’homme qui l’accompagnera peut-être dans sa quête de liberté. Et, dans une société où les apparences comptent beaucoup – car Zardjou, même avec une entreprise florissante, reste un simple vendeur de serrures aux yeux de la mère d’Arezou – ce n’est pas simple.
Notre héroïne se retrouve donc face à sa mère, à sa fille, à sa meilleure amie. Finiront-elles par accepter Zardjou ? Se feront-elles à sa nouvelle vie avec Arezou ?
On s’y fera est un roman sur les non-dits et le poids des traditions, un roman drôle et touchant, faussement léger. J’ai aimé que le texte soit parsemé de mots persans. Bref, une bien jolie découverte.
On s’y fera, de Zoyâ Pirzâd, est disponible chez Zulma (2019, 320 pages). Traduction du persan (Iran) par Christophe Balaÿ.