Je chéris ce livre. Ma tante l’a emmené au bout du monde et l’y a lu deux fois. À son retour elle me l’a prêté. Il m’a bouleversée. Une fois refermé j’ai voulu le lire à nouveau.
Avec une grande pudeur, et une certaine urgence, Lola Lafon raconte sa nuit au Musée Anne Frank, dans l’Annexe où la famille Frank a vécu cachée pendant de nombreux mois. Lola Lafon nous raconte Anne Frank. Non pas celle « que tout le monde connaît tellement qu’il n’en sait pas grand-chose », mais l’autrice qui a pesé chaque mot de son journal. Elle raconte l’appréhension devant la chambre de cette jeune fille vive et brillante, l’amour d’Otto pour ses filles Anne et Margot, la façon dont le texte du journal a été retravaillé, littéralement expurgé (au point que l’on s’interroge la version que l’on a lue enfant).
Lola Lafon raconte le carambolage entre ses recherches sur Anne Frank et le souvenir douloureux d’un vieil ami, victime lui aussi du totalitarisme. Comme Anne Frank parce qu’elle était juive, « Pour les Khmers rouges, Charles Chea ne fut qu’une tache à effacer, un cancer à éradiquer, un adolescent à abattre. »
Il va falloir que je rende l’ouvrage à sa propriétaire, alors ce matin je me suis offert mon propre exemplaire. Pour le relire quand bon me semble. Parce que ce livre est indispensable à ma bibliothèque. Parce que Lola Lafon et Anne Frank. Et Charles Chea.
Je chéris ce livre.
Quand tu écouteras cette chanson, de Lola Lafon, est disponible chez Stock dans la collection Ma nuit au musée (2022, 180 pages).
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