Simple

Ecrire sur la différence, voilà qui n’est pas simple. Julie Estève a réussi cette gageure en nous offrant un roman profond et bouleversant.

Antoine est l’idiot du village. D’ailleurs personne ne l’appelle par son prénom, pour tous il est le « baoul ».

Dans sa campagne corse, Antoine parle à sa chaise. Il lui raconte son frère Pierre et ses fusils de chasse, sa sœur Tomasine partie s’installer à Paris, les torgnoles de son père, la douceur de madame Madeleine. Son ami Magic, la belle Florence. Et les années de prison qu’il a purgées pour meurtre.

« T’es un sale clébard pas dressable », lui assène son père à tout bout de champ tandis que les enfants « jouent » à lui jeter des pierres. 

Gentil, naïf, décalé, tiraillé par ses loyautés, Antoine fait les frais de la mesquinerie des gens, de la cruauté du monde.

Julie Estève nous plonge dans la vie, dans la peau, d’Antoine. Elle lui donne la parole, et le lecteur se retrouve témoin de ses réflexions, de son immense solitude, de sa mémoire en béton.

Empathie et malaise se mêlent parfois. De même que colère et honte.

Souvent Antoine a l’estomac qui se serre, et nous aussi. En particulier lorsque l’on voit l’issue arriver. Implacable.

J’avais oublié de vous dire : Simple, c’est également un roman à suspense.

Simple, de Julie Estève, est disponible en Livre de Poche (144 pages, 2020).