La grande vie

La grande vie, Christian Bobin (Folio)

C’est pieds nus dans l’herbe, bercée par le chant des oiseaux et la douce musique du vent dans les arbres, que j’ai savouré les mots de Christian Bobin dimanche dernier. Premier week-end véritablement « déconfiné », premier bain de verdure en dehors de Paris depuis ce qui m’a semblé une éternité. Quel plus beau contexte pour lire cette ode à l’amour, à la nature, qu’est La grande vie ?

La récente découverte de La part manquante m’a tellement séduite qu’il m’a fallu poursuivre l’exploration de l’univers de Bobin. Alors j’ai enchaîné sur L’homme-joie et, tout de suite après, sur La grande vie. Le plaisir et l’émerveillement sont intacts.

Très humble, douce et ferme marguerite, je salue en toi l’espérance réalisée d’un monde ressuscité, l’entrée en force d’une lumière dans mon âme délivrée.

Christian Bobin ouvre ce recueil de nouvelles sur un vibrant hommage à une poétesse qui m’était jusque-là inconnue : « Chère Marceline Desbordes-Valmore, vous m’avez pris le cœur à la gare du Nord et je ne sais quand vous me le rendrez. C’est une chose bien dangereuse que de lire. » Bobin évoque un poème, Rêve intermittent d’une nuit triste, qu’il aurait lu plusieurs fois de suite et que je me suis empressée de lire à mon tour. Il s’agit d’un poème sur l’amour, d’un poème sur la mort. Et déjà l’ombre du deuil, de la mélancolie, ou plutôt de la nostalgie, qui va courir tout au long des pages.

Clairières assassines, soleils bénisseurs, arbres méditant : la nature est une guérison en marche.

Après avoir de sa plume réveillé Dieu, la nature, la littérature, Bobin clôt le recueil sur l’image du cercueil de son défunt amour sortant de l’église. Car c’est l’amour, la foi, qui, semble-t-il, guident son écriture, et chaque mot, aussi simple soit-il, sonne juste. Même pour la non-croyante que je suis.

Hier j’ai vu plusieurs libellules au-dessus du pré, gorgées de bleu. Elles se déplaçaient par saccades au-dessus d’une touffe d’herbe, d’un caillou. On aurait dit quelqu’un qui vient voir si tout va bien, puis qui s’éloigne, rassuré. J’aurais voulu te les montrer à toi qui aujourd’hui voit Dieu en face. Trois, quatre bijoux ailés de bleu : les vivants ont parfois d’aussi belles visions que les morts.

Dimanche dernier tandis que je lisais Bobin évoquant la poésie des merles et des libellules, j’observais les pinçons et les papillons voleter paisiblement dans le jardin où je m’étais installée. Chaque phrase était une méditation à elle seule et j’avais le sentiment de vivre un moment de grâce. 

La poésie c’est la grande vie.

Lisez Christian Bobin. Ses mots sont d’une beauté rare et sans artifice, ils vont à l’essentiel et savent toucher le cœur.

La grande vie, de Christian Bobin, est disponible en Folio (112 pages).

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